Taque Janséniste

Dans la belle pièce, on retrouve cette lourde taque, qualifiée de Janséniste, car elle porte en pourtour du cartouche central une devise se retrouvant en tête de tous les livres des Jansénistes: "Ardet-Amans-Spe-Nixa-Fides". La foi appuyée sur l'espérance brûle du feu de la charité. Ce sont là les trois vertus théologales que représente le motif central en cartouche. Une femme voilée symbolise la foi, elle s'appuie sur l'ancre, symbole de l'espérance (celle d'arriver à bon port), par la vertu de la charité (le coeur ardent, tenu de la main droite). En haut du médaillon, dans une gloire, on peut déchiffrer le tétragramme divin en lettres hébraïques: Jahvéh. Les vertus cardinales figurent, deux par deux, de part et d'autre du médaillon. Ce sont, en allant de gauche à droite: la force s'appuyant sur une colonne, la justice, tenant une épée, la tempérance  remplissant une coupe avec mesure, la prudence aux attributs significatifs du miroir et du serpent. Cette composition est de style Louis XIII. Elle doit avoir été coulée à Orval entre 1680 et 1720, à l'époque Janséniste de l'abbaye. Un autre exemplaire de cette plaque est conservé au Musée du Fer et du Charbon, section du Musée de la Vie wallonne à Liège.

Courant théologique inspiré par l'ouvrage Augustinus (1640) de l'évêque hollandais Cornélius Jansénius (1585-1638), le jansénisme se développa en France, aux Pays-Bas et en Italie jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. En France, les représentants très influents du mouvement janséniste furent le philosophe et théologien  Antoine Arnauld (1612-1694) et Blaise Pascal (1623-1662).
Opposé à la théologie scolastique, le jansénisme se présente comme la doctrine authentique de Saint Augustin sur la prédestination et la grâce divine dans leur rapport au libre arbitre de l'homme. En outre, les partisans du jansénisme s'opposaient à la casuistique jésuite et à sa morale "relâchée" qu'ils accusaient de trahir la rigueur de la loi évangélique. Accusée d'incliner vers l'hérésie protestante, la doctrine janséniste fut condamnée par Innocent X en 1653, sur la base de cinq propositions auxquelles la Faculté de Théologie de Paris avait résumé le jansénisme. Bien qu'il contestât la présence de ces thèses dans l'Augustinus, le mouvement janséniste se soumis à l'autorité romaine tout en affirmant sa volonté de continuer à suivre les principes de Jansénius.